Richelieu, puis de Mazarin, tout cela lui donnait le moyen de vivre largement.
En 1652 ou 1653, Sarrazin écrivait que Corneille était « un gentilhomme de deux mille écus de rente ». En ce temps-là, c’était l’aisance, surtout dans la vie provinciale.
En venant habiter Paris, le poète ne perdit aucune de ses ressources. Les éditions de son théâtre se multiplient de 1660 à 1668. Entré dans la gloire, il est payé pour des pièces dont le public ne veut plus, mieux que pour ses chefs-d’œuvre : Molière lui donne 2 000 livres à Attila, autant de Tite et Bérénice. De 1669 à 1673, de 1682 à 1684, il touche 2 000 livres de pension annuelle du roi.
Corneille n’a pas été riche comme Racine, c’est sûr ; il a eu des moments de gêne, c’est possible. On voit sans peine que, de 1674 à 1680, il dut avoir des années dures : deux fils et une fille, Pierre, Thomas, Marguerite, à entretenir ; plus de pension, plus de pièces depuis Suréna ; plus de dédicaces, plus d’éditions. Mais dans les dernières années, loin d’empirer, la situation s’améliora ; et s’il aliéna dans sa dernière année ses biens du Val de la Haye et sa maison de la rue de la Pie, ce ne fut pas par besoin d’argent comptant.
Contre les faits, des anecdotes suspectes ne sauraient prévaloir : l’histoire, niaise plutôt que touchante, du soulier que le grand Corneille, au cours d’une promenade, fit raccommoder chez un savetier, fait son apparition dans le Journal de Paris en 1788. M. Bouquet l’a établi, me semble-t-il, irréfutablement : la misère de Corneille est une légende. Ou, si