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CHAPITRE IX

LE RAPPORT DE LA TRAGÉDIE CORNÉLIENNE
À LA VIE

On n’a pas toujours été tendre pour Corneille sur la vérité de son théâtre. On l’a volontiers accusé d’avoir fabriqué des « bonshommes » magnifiques, qui ne représentent rien qu’une idée en l’air de grandeur abstraite. « Des héros tout d’une pièce, immobiles et raides dans leurs grandes armures, artificieusement mis aux prises avec des événements extraordinaires, et y déployant des vertus presque surnaturelles, selon les cas, ou des vices non moins monstrueux : telle est la tragédie de Corneille. C’est beau, admirable, sublime, ce n’est ni humain, ni vivant, ni réel. » M. Brunetière est dur. M. Nisard, moins sévèrement, avait dit la même chose : après Corneille, il restait à la tragédie à se rapprocher de la vie.

Ces jugements ont pour principal inconvénient d’être relatifs : on parle ainsi de Corneille, parce