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CHAPITRE VII

L’ACTION ET L’INTRIGUE

De Corneille date une transformation profonde de l’idée de l’action dramatique : jusqu’à lui, on entendait par là l’imitation vivante, le jeu figuré qui fait assister le public aux événements dont le livre ne peut offrir que la narration. L’action consistait donc dans l’emploi des moyens scéniques : Corneille appliqua le mot à une certaine qualité des choses mises en scène ; et, du travail mimique des acteurs, il le transporta au travail moral des personnages. C’est de lui que nous tenons la notion si fortement enracinée en nos esprits que l’action du personnage dramatique consiste à préparer ou exécuter quelque chose. Avant Corneille on pouvait le montrer dans une extrême misère, oppressé d’angoisses cruelles : toute « passion » déployée en scène était action ; il y avait action dès qu’on voyait la vie. Maintenant il faudra quelque chose de plus : il faudra que le héros, en quelque état qu’il soit, ne soit pas simplement