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BOILEAU.

Grand’Ghambre du Palais : les Boileau, selon Dupin, étaient « une famille illustre dans la robe ». Ils se vantaient de leurs alliances ; ils tenaient aux Amelot, et les Amelot tenaient aux Rohan-Soubise. Ils se disaient nobles de trois cents ans, issus de Jean Boileau, notaire et secrétaire du roi, anobli en 1371 : prétention qui fut confirmée par un arrêt authentique rendu en 1699 à la requête de notre poète. Il faut dire, sans en tirer de conséquences, que l’on condamna peu après un faussaire du nom d’Haudiquier, pour fabrication de titres, et que Despréaux se trouva lui avoir payé vingt-cinq louis pour un travail sur la nature duquel on n’est pas éclairci. Au reste, tout noble qu’il pouvait se dire (et il tenait à cette qualité plus qu’il ne voulait en avoir l’air), Boileau est un vrai, un pur bourgeois. Fils de greffier, il est, par sa mère, petit-fils d’un procureur ; et les mariages de ses sœurs (il en eut dix avec cinq frères) lui donnèrent pour beaux-frères deux procureurs, un commissaire au Châtelet, et même le fils d’un tailleur. N’oublions pas cette origine et cette parenté : Despréaux, noble homme, ayant des armes, ne payait pas la taille, et il pouvait lui importer d’être reconnu par d’Hozier ; mais notre Despréaux, celui qui a fait les Satires et l’Art poétique, est tout bourgeois de race et d’âme, bourgeois comme les auteurs de la Ménippée, bourgeois comme La Bruyère et comme M. de Voltaire. Ce n’est pas tout Boileau sans doute, cette bourgeoisie, mais c’en est une partie essentielle.