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ce n’est pas que les derniers mois de sa captivité aient été vides d’événements dignes de sa plume. Ce n’est donc pas, par conséquent, comme on a voulu le prétendre, qu’une superstition de respect filial ou de modestie personnelle ait fait tomber cette plume de ses mains, parce qu’elle n’aurait plus eu qu’à parler d’elle-même[1]. Les

  1. Un panégyriste s’est chargé de paraphraser cette thèse : « Quand Madame Royale apprit cette mort, il lui sembla qu’elle perdait encore une fois, dans la personne de son frère, tous ceux qu’elle avait perdus. L’histoire du Temple, que nous venons de résumer en la terminant, se résuma aussi dans son âme. Toutes les plaies de son cœur se rouvrirent, et dans ce seul deuil elle repleura tous les deuils qu’elle avait eu à porter. Le dernier cri de la Passion : « Tout est consommé » lui échappe et vient retentir dans son journal, qui se termine par ces douloureuses paroles : « Telles ont été la vie et la fin de mes malheureux parents, pendant leur séjour au Temple et dans les autres prisons. » C’est ainsi que Marie-Thérèse clôt le journal du Temple ; ce monument précieux de ses sentiments et de ses pensées va nous manquer désormais. Elle n’a plus à parler que d’elle-même, la plume lui tombe des mains ; elle renonce à écrire… » (A. Nettement, Vie de Marie-Thérèse de France, p. 193.)
    Quelle plaisanterie ! Ce deuil, dans lequel elle repleure tous ses deuils, elle ne le porte pas ! — Elle n’aurait plus à parler que d’elle-même. Mais elle aurait au moins à parler de son frère. — Elle renonce à écrire. Mais c’est pour reprendre la plume précisément quand elle n’aura plus à parler que d’elle-même, pour raconter son voyage de Paris à Vienne.