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Beauchesne, avec un luxe de détails et un habile choix d’expressions propres à simuler la reproduction textuelle d’une note prise au moment du fait :


Il était expressément défendu de laisser se rencontrer les enfants de Louis XVI. Mathieu avait signifié cette prohibition de la manière la plus formelle ; aussi ne tint-on aucun compte de l’observation philanthropique du philosophe Delboy[1]. Depuis leur séparation, le 3 juillet, et leur confrontation, le 7 octobre 1793, Madame Royale n’avait point vu une seule fois son frère. Aujourd’hui 3 frimaire an III (23 novembre 1794), elle l’a aperçu par l’escalier au moment où elle rentrait dans sa chambre avec Laurent et où Gomin, escorté du commissaire de service du nom d’Alavoine, sortait de celle du Dauphin, emmenant l’enfant se promener avec lui sur la terrasse ; mais il ne lui a été donné ni de l’embrasser ni de lui parler.


Madame Royale ne dit pas un mot de cette rencontre.

Et certes, pourtant, si elle avait eu lieu, c’eût été, dans la triste et lugubre monotonie de sa vie de recluse, l’événement le plus

  1. Il paraît que ce Delboy avait exprimé l’opinion qu’on ne devait pas laisser les deux enfants privés de toute communication entre eux.