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Mais en admettant même ce qu’aurait d’étrange, dans tous les cas, cette narration laissée ainsi inachevée, on ne saurait tout au moins imaginer que, retrouvant plus tard ces reliques entre les mains de son nouveau roi, la pensée ne lui soit pas venue et ne se soit pas imposée à lui de dire ce qu’il savait directement et ce qu’il avait nécessairement appris des circonstances intermédiaires reliant le commencement à la fin. Il devient évident qu’on n’a le choix qu’entre deux hypothèses : ou bien ce qui manque dans le récit ne représente pas une lacune imputable au narrateur, mais une coupure faite après coup au moment de l’addition des notes ; — ou bien les notes sont des hors-d’œuvre fournis et imposés au narrateur en dehors des faits qu’il savait et voulait raconter.

Quand on relit ces notes après ces premières observations faites, l’étonnement grandit jusqu’à l’extrême.

Peut-on imaginer quelque chose de plus extraordinaire et de plus invraisemblable que ce dialogue entre le très hautain Louis XVIII, roi de France et de Navarre, et son très humble, très obéissant et très subalterne serviteur ? — « Ah ! sire, c’est le même ! » Cette exclamation de Cléry est fort irrévérencieuse au