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Peut-on supposer que Marie-Thérèse ait jugé au dessous de sa dignité ou au dessus de sa modestie de faire œuvre d’écrivain et d’avouer un récit destiné à la publicité ? Ou peut-on croire qu’elle ait été retenue en raison de ce que ce récit rappelait le souvenir de discordes civiles ?

Évidemment telles n’ont pas été ses raisons. Car, dès 1796, presque aussitôt après sa sortie du Temple, elle avait remis à Weber une relation écrite par elle du voyage de Varennes ; et elle avait trouvé bon que Weber l’insérât dans ses Mémoires, en faisant connaître très expressément de qui il les tenait[1].

Il faut donc chercher un autre motif.

Quand, après avoir constaté cette première

  1. L’ouvrage de Weber a paru sous ce titre : Mémoires concernant Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, reine de France, et sur plusieurs époques de la Révolution française, par M. Weber, frère de lait de la Reine, 3 vol. in-8o, portraits ; Londres, 1806. — Voici en quels termes il présente à ses lecteurs la relation du voyage de Varennes : « Ces pages ont été confiées à mes vives et respectueuses instances par la seule personne, hélas ! qui ait survécu à ce déplorable voyage. Avec quel intérêt religieux ne lira-t-on pas un pareil fragment qui brille à la fois du triple caractère de la candeur, de la piété filiale et de la vérité de l’histoire ? » — Et en note il ajoute : « Ce morceau précieux m’a été confié en 1796, lorsque Madame Royale arriva des prisons du Temple à la cour de Vienne. Son Altesse Royale avait alors dix-sept ans. »