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paraît, au premier abord, bien singulière pour l’époque, mais qui révèle mieux que tout quelle était à ce moment la véritable disposition des esprits. Cette proposition consistait à lui donner pour faire la route une calèche attelée de huit chevaux, où les populations auraient pu la contempler entourée des personnes de sa suite. Cet apparat n’avait pas été du goût du Directoire, qui avait décidé que le voyage se ferait dans le plus strict incognito possible et que, pour prévenir toute manifestation, le départ aurait lieu la nuit.

Le 18 décembre, à onze heures du soir, le ministre de l’intérieur, Benezech, se rend seul et à pied au Temple. Toutes les précautions sont prises pour ne pas attirer l’attention. Il a laissé sa voiture à quelque distance de là, rue Meslay. Il remet aux gardiens une expédition de l’arrêté du Directoire et une décharge en ces termes : « Le ministre de l’intérieur déclare que les citoyens Gomin et Lasne, commissaires préposés à la garde du Temple, lui ont remis Marie-Thérèse-Charlotte, fille du dernier roi, jouissant d’une parfaite santé, laquelle remise a été faite aujourd’hui à onze heures du soir, déclarant que lesdits commissaires sont bien et dûment