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bien curieux dans le second volume des Mémoires de Napoléon :


Je ne pus me retenir de dire à Cambacérès : « Du moins il fallait garder en France la sœur de cet infortuné : on a commis un coup de bien mauvaise politique en lui rendant la liberté. »

Cambacérès, me regardant finement, répliqua : « Et le moyen de la retenir ici. Ils voulaient tous l’épouser, à commencer par feu Robespierre. C’est un leurre que l’on a présenté successivement à tous ceux qui ont pris de l’influence. Nous préférâmes qu’elle se mariât à son cousin. Je sais que dans l’intervalle de son départ au 9 thermidor, on m’est venu parler ainsi qu’à tous mes collègues d’un mariage à conclure entre le duc d’Orléans actuel et Madame Royale. Le duc deviendrait président de la République et sa descendance occuperait à perpétuité la présidence. »

— Quoi ! m’écriai-je, le fils d’un des bourreaux aurait épousé la fille de deux des victimes ?

— Oui.

— Et elle consentait ?

— On n’avait pas encore pris son avis, mais on se flattait de l’y déterminer. La proposition venait des intimes du duc d’Orléans ; il promettait par lettre d’accepter toutes les conditions qu’on lui imposerait ; il mettait de son côté pour clause unique son mariage avec Madame Royale.

— Et cette lettre, qui la possédait ?

— Fouché.