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conservait pour sa famille et même pour cette France qui l’avait si mal traitée, qu’elle y était portée d’elle-même.


Un motif bien puissant pour son cœur, ajoute-t-elle, vint encore à l’appui : c’était le vœu bien prononcé du roi son père et de la reine de conclure ce mariage à l’instant de la rentrée des princes ; et je lui rapportai les propres paroles de la reine quand Leurs Majestés me donnèrent la marque de confiance de me parler de leurs projets à cet égard. — On s’est plu, me dit cette princesse, à donner à mes frères des impressions défavorables au sentiment que nous leur portons. Nous leur prouverons le contraire en donnant sur-le-champ la main de ma fille au duc d’Angoulême, malgré sa grande jeunesse, qui aurait pu nous faire désirer d’en retarder le moment.


Marie-Thérèse, dit Mme  de Tourzel, écouta cette confidence avec émotion ; elle demanda cependant pourquoi ses parents ne lui avaient jamais parlé de ce projet[1]. « C’était de leur

  1. S’il fallait en croire un autre écrivain, des plus dévoués à la cause de la Restauration, cette demande de Marie-Thérèse ne se comprendrait pas. Les fiançailles auraient eu lieu dès 1787. Voici ce qu’il raconte : « Quoique Madame Royale n’eût encore que neuf ans, son mariage avec M. le duc d’Angoulême, son cousin, avait déjà été arrêté. L’entrevue eut lieu avec pompe à Versailles, les paroles furent données, et il fut décidé que le mariage se ferait dès que le