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suite fâcheuse. Elle vint à notre rencontre, nous embrassa tendrement, et nous conduisit à sa chambre où nous confondîmes nos larmes sur tous les objets de ses regrets.


S’il fut un jour dans la vie de Marie-Thérèse où son cœur dut s’ouvrir et céder à la pression débordante des épanchements, certes, ce fut celui-là.


On comprend, dit un de ses biographes, combien dut être pathétique l’entrevue de la jeune princesse et de son ancienne gouvernante. Que de choses lugubres elles avaient à se dire ! Si la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, la nièce de Madame Élisabeth, la sœur de Louis XVII, pouvait raconter à Mme de Tourzel les drames du Temple, Mme de Tourzel pouvait lui raconter ceux de la prison de la Force… Oh ! quelle revue rétrospective ! Que de détails sinistres ! Quel océan de larmes ! Peut-on imaginer confidences plus amères et dialogue plus déchirant[1] ?


Eh bien ! dans cette « revue rétrospective », c’est à peine s’il est question de l’enfant-roi. La seule mention qu’en fasse l’orpheline est pour rappeler les mauvais traitements dont l’accablait Simon et pour retracer l’horrible scène de l’interrogatoire qu’on lui fit subir

  1. M. Imbert de Saint-Amand, La Jeunesse de la duchesse d’Angoulême, p. 136.