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On reste plongé dans un ébahissement profond à la pensée que la vue des toilettes de nuances variées n’excitait ni indignation ni étonnement chez aucun de ces royalistes fervents qui se disputaient les places aux fenêtres voisines pour contempler la princesse royale. Peut-on expliquer qu’ils n’aient pas été violemment choqués de voir la sœur du dernier roi se dispenser aussi indécemment de porter son deuil ? Et peut-on concevoir qu’un si flagrant oubli des convenances n’ait fait l’objet d’aucune mention ni d’aucune explication dans les écrits des contemporains amis ou ennemis[1] ? Peut-on admettre qu’il n’ait donné lieu à aucune représentation respectueuse de la part des personnes qui furent bientôt admises dans son intimité ?

Car Madame Royale ne resta pas longtemps réduite aux témoignages télégraphiques de

  1. Les royalistes dans la France entière ne montrèrent pas plus d’étonnement. On trouve dans l’Anti-terroriste (de Toulouse), numéro du 26 septembre 1795, le bulletin suivant, envoyé de Paris (par la correspondance royaliste) : « Marie-Thérèse-Charlotte n’ignore plus les malheurs de sa famille… Elle est tous les jours en robe de nankin, tous les dimanches elle se met en robe de linon, et toutes les fêtes solennelles elle se pare d’une robe de taffetas vert… » Cela était accepté partout. Étrange ! étrange !