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un article réclamant des mesures de clémence en faveur de la jeune prisonnière. Le 18 juin, une députation de la ville d’Orléans se présentait à la barre de la Convention et remettait une pétition tendant à sa mise en liberté. Quelques jours plus tôt, c’eût été s’offrir au bourreau que de faire entendre dans cette assemblée des paroles comme celles-ci :


Citoyens représentants, tandis que vous avez rompu les fers de tant de malheureuses victimes d’une politique ombrageuse et cruelle, une jeune infortunée, condamnée aux larmes, privée de toute consolation, de tout espoir, réduite à déplorer ce qu’elle avait de plus cher, la fille de Louis XVI languit encore au fond d’une horrible prison. Orpheline si jeune encore, si jeune encore abreuvée de tant d’amertumes, de tant de deuils, qu’elle a douloureusement expié le malheur d’une si auguste naissance ! Hélas ! qui ne prendrait pitié de tant de maux, de tant d’infortunes, de son innocence, de sa jeunesse ?… Venez, entourez tous cette enceinte, formez un cortège pieux, Français sensibles, et vous tous qui reçûtes des bienfaits de cette famille infortunée ; venez, mêlons nos larmes, élevons nos mains suppliantes et réclamons la liberté de cette jeune innocente, nos voix seront entendues ; vous allez la prononcer, citoyens représentants, et l’Europe applaudira à cette résolution, et ce jour sera pour nous, pour la France entière, un jour d’allégresse et de joie.