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vant : « Où est mon frère ? — Madame n’a plus de frère. » Habent sua fata libelli.

Tout ce qui se passe dans ces derniers mois de 1795 est — il faut l’avouer — de nature à déconcerter quiconque chercherait l’enchaînement logique des événements. L’histoire ne présente aucun exemple d’un changement à vue aussi fantastique que celui qui se produit alors.

Le 9 thermidor avait eu des effets aussi soudains et aussi saisissants ; du jour au lendemain, la physionomie de Paris et de la France entière s’était transformée. Mais il n’y eut là rien que de très normal et de très explicable. L’exécution de Robespierre mettait fin à un régime qui avait tenu le pays haletant sous une horrible oppression ; la respiration étouffée redevenait subitement libre ; la vie reprenait son cours avec une exubérance nouvelle. C’est un phénomène moral qui peut être constaté à la chute de toute tyrannie.

Mais ici rien de pareil. Un enfant vient de mourir au fond d’une prison. Cet enfant, il est vrai, était l’espoir des ennemis de la République ; il personnifiait à leurs yeux le principe de la royauté. Mais enfin sa mort ne détruit pas le principe, et ne supprime