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de cette simplicité et de cette absence d’arrière-pensée qui caractérisent les premiers récits, ou par la vertu hypnotisante de préventions favorables admises à priori ? Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’étrangeté, l’énormité de ce fait que la sœur du Dauphin n’a pas porté son deuil, n’ont choqué aucun des historiens postérieurs. Ils paraissent n’y avoir même pas pris garde[1]. Il en résulte des contrastes et des inconséquences bizarres. Dans l’ouvrage cité plus haut, où, par un pieux scrupule, une épithète imparfaitement congrue a été effacée et remplacée par une autre plus décente, on est stupéfait de voir la description des toilettes vertes et jaunes reproduite d’après Gomin, y compris l’appréciation de celui-ci sur ce que la mise de Madame avait de convenable. Par un hasard ironique de la typographie, ce passage s’étale précisément en regard du dialogue émou-

  1. Le fait du deuil non porté n’a pas absolument échappé à tous les historiens. Nettement dit que, quelques semaines après son arrivée à Vienne en 1796, Madame Royale prit le deuil « qu’elle n’avait pu porter dans sa prison ». En présence des documents officiels qui constatent les prévenances du gouvernement pour offrir à Marie-Thérèse tout ce qu’elle pouvait souhaiter, conçoit-on qu’un écrivain réputé sérieux traite les faits avec autant de légèreté ou autant de parti pris ?