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respectueux des nuances a remplacé : « ce qui fit beaucoup rire par : « ce qui fit doucement sourire Marie-Thérèse. » C’est à peine une altération, — ce n’est presque qu’une atténuation, mais qui suffit pour que la figure de son héroïne garde la teinte de touchante mélancolie qu’il a voulu lui donner[1].

On pourrait cependant ne pas se sentir absolument choqué de ce qu’une prisonnière de seize ans, sevrée depuis trois longues années de toute consolation, de toute distraction, aurait été un peu étourdie par les premières bouffées d’espérance et de liberté, et de ce que, sous l’influence d’un renouveau enivrant, la sève de sa jeunesse aurait un instant bouillonné et fait explosion en un fugitif transport de naturelle allégresse.

Mais, sans avoir le sens des convenances à ce point affiné et susceptible qu’un accès passager d’hilarité le blesse comme une dissonance insupportable, on éprouve l’impression douloureuse, le sursaut de révolte

  1. Il est bien évident qu’une attention aussi scrupuleuse lui faisait un devoir, après avoir corrigé la première partie de la citation, d’en supprimer la fin où il est question de la gaîté que Marie-Thérèse fait paraître. Il fallait cacher ce mot qu’on ne saurait souffrir.