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Puisaye, sans contredit, ne saurait être cru sur parole en pareille matière ; mais les raisons dont il appuie son reproche de faux, sont réellement très fortes. Il faut ajouter que plusieurs des contemporains parmi les mieux informés et les moins suspects de partialité en faveur de Puisaye, laissent voir plus qu’une hésitation sur cette question. Voici notamment dans quels termes s’exprime Beauchamp : « On publia sous son nom (sous le nom de Sombreuil), après sa mort, une lettre accusatrice de la conduite de Puisaye : quelques personnes doutent de son authenticité[1]. » En définitive, on se trouve forcé de considérer comme possible et même comme probable, qu’on ait profité de l’occasion offerte par la lettre de Sombreuil dont le sens général était connu de quelques royalistes, pour en supposer une, chargée d’allégations et d’insinuations utiles. Et il n’est pas nécessaire d’en faire remonter la responsabilité entière aux deux personnages incriminés par Puisaye.

En effet, le seul bénéfice qui puisse en être tiré pour

  1. Beauchamp, Hist. de la Vendée et des Chouans, t. 3, p. 233. — Puisaye, dans son édition de 1808, cite ce passage et ajoute : « Ce mot : « quelques personnes », était sans doute le plus fort que put exprimer un homme évidemment soudoyé pour me diffamer. » Il prétend désigner ainsi Michaud, qu’il croit être le véritable auteur de l’Histoire signée par Beauchamp. Du reste, au point de vue de la moralité, Beauchamp et Michaud se valaient.
    Un écrivain républicain, Rouget de Lisle, s’exprime aussi en termes dubitatifs : « Immédiatement après la mort de Sombreuil, on publia, sous son nom, une lettre que… il aurait, de sa prison de Vannes, adressée à l’amiral Warren… » ; et plus loin : « Le comte de Vauban fait sur la lettre attribuée à M. de Sombreuil… » Rouget de Lisle, on le sait, était aide de camp de Tallien.