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teurs imprévus[1]. — Il y a deux sortes d’additions : l’interpolation et la continuation. — Interpoler, c’est insérer dans un texte des mots ou des phrases qui n’étaient pas dans le manuscrit de l’auteur[2]. Les interpolations sont d’ordinaire accidentelles, dues à la négligence des copistes et s’expliquent par l’introduction dans le texte de gloses interlinéaires ou d’annotations marginales ; mais, parfois, c’est volontairement que quelqu’un a ajouté (ou substitué) aux phrases de l’auteur des phrases de son cru, avec le dessein de compléter, d’embellir ou d’accentuer. Si nous avions le manuscrit où l’interpolation volontaire a été faite, les surcharges et les grattages la décèleraient tout de suite. Mais, presque toujours, le premier exemplaire interpolé est perdu ; et, dans les copies qui en dérivent, toute trace matérielle d’addition (ou de substitution) a disparu. — Il est inutile de définir les « continuations ». On sait que beaucoup de chroniques du moyen âge ont été « continuées » par diverses mains sans qu’aucun des continuateurs successifs ait pris soin de déclarer où commence, où finit son travail propre.

Les interpolations et les continuations se distinguent sans effort, au cours des opérations nécessaires pour restituer la teneur d’un document dont il existe plusieurs exemplaires, lorsque quelques-uns de ces exemplaires reproduisent le texte primitif, antérieur à toute addition. Mais si tous les exemplaires remontent à des copies déjà interpolées ou continuées, il faut recourir à l’analyse interne. Le style de toutes les parties du

  1. Quand les modifications du texte primitif sont du fait de l’auteur lui-même, ce sont des « remaniements ». L’analyse interne et la comparaison d’exemplaires appartenant aux différentes éditions du document les accusent.
  2. Voir F. Blass, o. c., p. 254 et suiv.