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faite en vue d’y relever tous les indices propres à renseigner sur l’auteur, sur le temps et sur le pays où il a vécu.

On examine d’abord l’écriture du document : saint Bonaventure est né en 1221 ; si des poèmes attribués à saint Bonaventure se lisent dans des manuscrits exécutés au xie siècle, ce sera une excellente preuve que l’attribution n’est pas fondée : tout document dont il existe une copie en écriture du xie siècle ne peut pas être postérieur au xie siècle. — On examine la langue : certaines formes n’ont été employées qu’en certains lieux et à certaines dates. La plupart des faussaires sont trahis par leur ignorance à cet égard : des mots, des tournures modernes leur échappent ; on a pu établir que des inscriptions phéniciennes, trouvées dans l’Amérique du Sud, étaient antérieures à telle dissertation allemande sur un point de syntaxe phénicienne. — On examine les formules, s’il s’agit d’actes publics. Un document qui se présente comme un diplôme mérovingien et qui n’offre pas les formules ordinaires des diplômes mérovingiens authentiques est faux. — On note enfin toutes les données positives qui se trouvent dans le document : faits mentionnés, allusions à des faits. Lorsque ces faits sont connus d’ailleurs, par des sources qui n’ont pas pu être à la disposition d’un faussaire, la sincérité du document est établie, et la date en est approximativement fixée entre le fait le plus récent dont l’auteur a eu connaissance et le fait le plus voisin de celui-là qu’il aurait sans doute mentionné s’il l’avait connu. On argumente aussi de ce que certains faits sont signalés avec prédilection, et de ce que certaines opinions sont exprimées, pour reconstituer par conjecture la condition, le milieu et le caractère de l’auteur.