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qu’exigent les opérations de la critique verbale[1], le travail de publication et de restitution n’avance que lentement. Avant que tous les textes intéressants pour l’histoire du moyen âge et des temps modernes aient été édités ou réédités secundum artem, beaucoup de temps s’écoulera, même en supposant que le train, relativement rapide, dont on va depuis quelques années, soit encore accéléré[2].

    vient-il de publier ? Tout. Tout ? dira-t-on. Ne chancelons-nous pas déjà sous le faix des documents ?… Voici la raison qui exige la publication intégrale. Aussi longtemps que tant de manuscrits resteront devant nous, clos et mystérieux, ils nous solliciteront comme s’ils recelaient le mot de toutes les énigmes ; ils entraveront, pour tout esprit sincère, l’essor des inductions. Il convient de les publier, ne serait-ce que pour s’en débarrasser et pour qu’il soit possible à l’avenir d’en faire table rase… » (Revue des Deux Mondes, 15 févr. 1894, p. 910.) — Tous les documents doivent être inventoriés, nous l’avons dit (p. 15), afin d’éviter que les travailleurs aient toujours à craindre d’en ignorer qui leur seraient utiles. Mais, dans tous les cas où une analyse sommaire suffit à faire connaître le contenu du document, si la forme de ce document n’a pas d’intérêt, la publication in extenso ne sert à rien. Il ne faut pas s’encombrer : tous les documents seront un jour analysés ; quantité de documents ne seront jamais publiés.

  1. Les éditeurs de textes rendent souvent leur tâche encore plus longue et plus difficile qu’elle ne l’est en s’imposant, sous prétexte d’éclaircissements, des commentaires. Ils auraient intérêt à en faire l’économie et à se dispenser de toute annotation qui n’appartient pas à l’« appareil critique » proprement dit. Voir, sur ce point, Th. Lindner, Ueber die Herausgabe von geschichtlichen Quellen, dans les Mittheilungen des Instituts für oesterreichische Geschichtsforschung, XVI, 1893, p. 501 et suiv.
  2. Il suffit, pour s’en rendre compte, de comparer ce qui a été fait jusqu’ici par les Sociétés les plus actives, telles que la Société des Monumenta Germaniæ historica et l’Istituto storico italiano, avec ce qui leur reste à faire. — La plupart des documents les plus anciens et les plus difficiles à restituer, qui ont exercé depuis longtemps la sagacité des érudits, ont été mis dans un état relativement satisfaisant. Mais d’immenses besognes matérielles sont encore à accomplir.