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sont irréparables dans le cas, qui nous occupe, d’une copie unique. Mais la plupart des erreurs accidentelles se laissent deviner, lorsqu’on en connaît les formes ordinaires : confusions de sens, de lettres et de mots, transpositions de mots, de syllabes et de lettres, dittographie (répétition inutile de lettres ou de syllabes), haplographie (syllabes ou mots qu’il aurait fallu redoubler et qui ne sont écrits qu’une fois), mots mal séparés, phrases mal ponctuées, etc. — Des erreurs de ces divers types ont été commises par les scribes de tous les temps et de tous les pays, quelle que fût l’écriture des originaux, en quelque langue qu’ils fussent rédigés. Mais certaines confusions de lettres sont fréquentes dans les copies exécutées d’après des originaux qui étaient en caractères onciaux, et d’autres dans les copies exécutées d’après des originaux en minuscule. Les confusions de sens et de mots s’expliquent par des analogies de vocabulaire et de prononciation qui diffèrent, naturellement, suivant que l’original était en telle langue ou en telle autre, de telle date ou de telle autre. La théorie générale de la restitution conjecturale se réduit donc à ce qui précède, et il n’y a pas d’apprentissage général de cet art. On apprend à restituer, non pas n’importe quels textes, mais des textes grecs, des textes latins, des textes français, etc. ; car la restitution conjecturale d’un texte suppose, outre des notions générales sur le processus de la dégénérescence des textes, la connaissance approfondie : 1o d’une langue ; 2o d’une paléographie spéciale ; 3o des confusions (de lettres, de sens et de mots) dont les copistes de textes rédigés dans la même langue et écrits de la même manière avaient ou ont l’habitude. Pour l’apprentissage de l’émendation conjecturale des textes grecs et latins, des répertoires (alphabétiques et méthodiques) de