Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

b. Deuxième cas. — L’original est perdu ; on n’en connaît qu’une copie. Il faut se tenir sur ses gardes, car il est probable, a priori, que cette copie contient des fautes.

Les textes dégénèrent suivant certaines lois. On s’est appliqué à distinguer et à classer les causes et les formes ordinaires des différences qui s’observent entre les originaux et les copies ; puis on a déduit, par analogie, des règles applicables à la restitution conjecturale des passages qui, dans une copie unique d’un original perdu, sont certainement (parce qu’ils sont inintelligibles) ou vraisemblablement corrompus.

Les altérations de l’original, dans une copie, les « variantes de tradition », comme on dit, sont imputables soit à la fraude, soit à l’erreur. Certains copistes ont fait sciemment des modifications ou pratiqué des suppressions[1]. Presque tous les copistes ont commis des erreurs, soit de jugement, soit accidentelles. Erreurs de jugement si, étant à demi instruits et à demi intelligents, ils ont cru devoir corriger des passages ou des mots de l’original qu’ils n’entendaient pas[2]. Erreurs accidentelles s’ils ont lu de travers en copiant, ou mal entendu en écrivant sous la dictée, ou fait involontairement des lapsus calami.

Les modifications qui proviennent de fraudes et d’erreurs de jugement sont souvent très difficiles à rectifier, et même à voir. Certaines erreurs accidentelles (l’omission de plusieurs lignes, par exemple)

  1. Il sera question des interpolations au chapitre iii, p. 71.
  2. Les scribes de la Renaissance carolingienne et de la renaissance proprement dite, depuis le xve siècle, se sont préoccupés de fournir des textes intelligibles. Ils ont corrigé en conséquence tout ce qu’ils ne comprenaient pas. Plusieurs œuvres de l’antiquité ont été de la sorte abîmées par eux à jamais.