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sont toujours fait une règle de se procurer de « bons » textes, nettoyés et restaurés comme il faut, des documents qu’ils avaient à consulter. Ce serait une erreur. Les historiens se sont longtemps servis des textes qu’ils avaient à leur portée, sans en vérifier la pureté. Mais il y a plus : les érudits eux-mêmes dont le métier est de publier des documents n’ont pas trouvé du premier coup l’art de les restituer : naguère encore, les documents étaient couramment édités d’après les premières copies venues, bonnes ou mauvaises, combinées et corrigées au hasard. Les éditions de textes anciens sont aujourd’hui, pour la plupart, « critiques » ; mais il n’y a pas trente ans qu’ont été données les premières « éditions critiques » des grandes œuvres du moyen âge, et le texte critique de quelques œuvres de l’antiquité classique (de celle de Pausanias, par exemple) est encore à établir.

Tous les documents historiques n’ont pas été publiés jusqu’ici de manière à procurer aux historiens la sécurité dont ils ont besoin, et quelques historiens agissent encore comme s’ils ne se rendaient pas compte qu’un texte mal établi est, par cela même, sujet à caution. Mais un progrès considérable a été réalisé. La méthode convenable pour la purification et la restitution des textes a été dégagée des expériences accumulées par plusieurs générations d’érudits. Aucune partie de la méthode historique n’est aujourd’hui fondée plus solidement, ni plus généralement connue. Elle est exposée avec clarté dans plusieurs ouvrages de vulgarisation philologique[1]. — Pour ce motif, nous nous conten-

  1. Voir E. Bernheim, Lehrbuch der historischen Methode 2, p. 341-54. — Consulter en outre F. Blass, dans le Handbuch der klassischen Altertumswissenschaft de I. v. Müller, I2 (1892), p. 249-89 (avec une bibliographie détaillée) ; A. Tobler, dans