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même comme érudits, en sortissent. Mais on doit reconnaître qu’ils se sont débrouillés tout seuls, en dépit du système, non grâce à lui ; après, non pendant leur scolarité, et surtout lorsqu’ils ont eu le bénéfice, pendant un séjour à l’École française d’Athènes, du bienfaisant contact avec les documents qui leur avait manqué rue d’Ulm. « N’est-il pas invraisemblable, a-t-on dit, qu’on ait laissé partir de l’École normale tant de générations de professeurs incapables de mettre en œuvre les documents ?… En somme les élèves historiens n’étaient prêts, jadis, au sortir de l’École, ni pour l’enseignement de l’histoire qu’ils avaient apprise en grande hâte, ni pour les recherches sur les choses difficiles[1]. »

Quant à l’École des chartes, créée sous la Restauration, c’était, à un certain point de vue, une école spéciale comme les autres, destinée en théorie à former ces utiles fonctionnaires, les archivistes et les bibliothécaires. Mais, de bonne heure, l’enseignement professionnel y fut réduit au strict minimum, et l’École s’organisa d’une façon très originale, en vue de l’apprentissage rationnel et intégral des jeunes gens qui se proposeraient d’étudier l’histoire de France au moyen âge. Les élèves de l’École des chartes n’y suivaient aucun cours d’« histoire du moyen âge », mais ils apprenaient tout ce qui est nécessaire pour travailler à résoudre les problèmes encore pendants de l’histoire du moyen âge. Là seulement, par suite d’une anomalie accidentelle, les « connaissances préalables » et auxiliaires des recherches historiques étaient systématiquement enseignées. Nous avons eu plus haut l’occasion de constater les résultats de ce régime[2].

  1. E. Lavisse, Questions d’enseignement national, p. 12.
  2. Cf. plus haut, p. 38.