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nécessaires à l’histoire, par l’observation, comme on fait dans les autres sciences : il travaille sur des faits transmis par des observateurs antérieurs. La connaissance ne s’obtient pas, en histoire, par des procédés directs, comme dans les autres sciences : elle est indirecte. L’histoire est, non pas, comme on l’a dit, une science d’observation, mais une science de raisonnement.

Pour utiliser ces faits observés dans des conditions inconnues, il faut les faire passer par la critique, et la critique consiste en une série de raisonnements par analogie. Les faits livrés par la critique restent isolés, épars ; pour les organiser en construction, il faut se les représenter et les grouper d’après leur ressemblance avec des faits actuels, opération qui se fait aussi au moyen de raisonnements par analogie. Cette nécessité impose à l’histoire une méthode exceptionnelle. Pour construire ses raisonnements par analogie, il lui faut combiner toujours la connaissance particulière des conditions où se produisirent les faits passés et l’intelligence générale des conditions où se produisent les faits humains. Elle procède en dressant des répertoires particuliers des faits d’une époque passée, et en leur appliquant des questionnaires généraux fondés sur l’étude du présent.

Les opérations qu’on est obligé d’effectuer pour aboutir, en partant de l’inspection des documents, à la connaissance des faits et des évolutions du passé, sont très nombreuses. De là la nécessité d’une division et d’une organisation du travail en histoire. — Il faut que les travailleurs spéciaux qui s’occupent de la recherche, de la restitution et du classement provisoire des documents coordonnent leurs efforts, pour que soit achevée le plus tôt possible, dans les meilleures conditions de sûreté et d’économie, l’œuvre préparatoire de l’érudi-