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temps certains cadres, auparavant en vogue, sont tombés en désuétude : ainsi les « Histoires universelles » à narration continue, si goûtées, pour des motifs différents, au moyen âge et au xviiie siècle ; Schlosser et Weber en Allemagne, Cantù en Italie, en ont donné, au xixe siècle, les derniers spécimens. Ce cadre a été abandonné pour des raisons historiques, parce que l’on a cessé de considérer l’humanité comme un ensemble relié par une évolution unique ; et pour des raisons pratiques, parce que l’on a reconnu l’impossibilité de rassembler en un seul ouvrage une masse aussi écrasante de faits. Les Histoires universelles qui se publient encore en collaboration (dont le type le plus estimable est la Collection Oncken) se résolvent, comme les grands Manuels, en sections indépendantes, traitées chacune par un auteur différent : ce sont des combinaisons de librairie. Les historiens ont été amenés de nos jours à adopter la division par États (histoires nationales) et par époques[1].

B. Il n’y a pas de raison théorique pour que les œuvres historiques qui s’adressent surtout au public ne soient pas conçues dans le même esprit que les œuvres destinées aux gens du métier et rédigées de la même manière, sous réserve des simplifications et des suppressions qui s’indiquent d’elles-mêmes. Et il existe en effet des résumés nets, substantiels et agréables,

  1. L’habitude de joindre aux « histoires », c’est-à-dire au récit des événements politiques, un résumé des résultats obtenus par les historiens spéciaux de l’art, de la littérature, etc., persiste. On considère qu’une « Histoire de France » ne serait pas complète s’il ne s’y trouvait des chapitres sur l’histoire de l’art, de la littérature, des mœurs, etc., en France. Cependant ce n’est pas l’exposé sommaire des évolutions spéciales d’après les spécialistes — fait de seconde main — qui est à sa place dans une « Histoire » scientifique ; c’est l’étude des faits généraux qui ont dominé l’ensemble des évolutions spéciales.