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visée que de dresser minutieusement l’inventaire des connaissances acquises, afin de rendre plus aisée et plus rapide aux travailleurs l’assimilation des résultats de la critique et de fournir un point de départ à des recherches nouvelles. Il existe aujourd’hui des Manuels de cette espèce pour la plupart des branches spéciales de l’histoire de la civilisation (langues, littératures, religion, droit, Alterthümer, etc.), pour l’histoire des institutions, pour les diverses parties de l’histoire ecclésiastique. Il suffit de citer les noms de Schœmann, de Marquardt et Mommsen, de Gilbert, de Krumbacher, de Harnack, de Möller. Ces ouvrages n’ont pas la sécheresse de la plupart des « Manuels » primitifs, publiés en Allemagne il y a cent ans, qui ne sont guère que des tables de matières, avec l’indication des documents et des livres à consulter ; l’exposition et la discussion y sont sans doute serrées et concises, mais elles ont assez d’ampleur pour que des lecteurs cultivés puissent s’en accommoder, et même les préférer. Ils dégoûtent des autres livres, dit très bien G. Paris[1]. « Quand on a savouré ces pages si substantielles, si pleines de faits et qui, en apparence si impersonnelles, contiennent cependant et suggèrent surtout tant de pensées, on a de la peine à lire des livres, même distingués, où la matière taillée symétriquement suivant les besoins d’un système et colorée par la fantaisie, ne nous est présentée, pour ainsi dire, que sous un déguisement, et où l’auteur intercepte sans cesse… le spectacle qu’il prétend nous faire comprendre et qu’il ne nous fait pas voir. » — Les grands « Manuels » historiques, symétriques aux Traités et aux Manuels des autres sciences (mais avec la compli-

  1. Revue critique, 1874, I, p. 327.