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portée, souvent qualifiées de « curieux », s’attaquent volontiers à des questions insignifiantes[1] ; et c’est même un assez bon critérium, pour se faire une première idée de la valeur intellectuelle d’un historien, de lire la liste des titres des monographies qu’il a faites[2]. C’est le don de voir les problèmes importants et le goût de s’y attacher, aussi bien que la puissance de les résoudre, qui, dans toutes les sciences, font les hommes de premier ordre. — Mais supposons le sujet choisi d’une façon rationnelle. Toute monographie, pour être utile, c’est-à-dire pleinement utilisable, doit se soumettre à trois règles : 1o dans une monographie, tout fait historique tiré de documents ne doit être présenté qu’accompagné de l’indication des documents d’où il sort et de la valeur de ces documents[3] ;

    celui-là peut-être tenait le rouage des affaires. » (G. Flaubert, o. c., p. 157.)

  1. Comme les personnes d’esprit médiocre ont une tendance à préférer les sujets insignifiants, il y a, pour les sujets de ce genre, une concurrence active. On a souvent l’occasion de constater l’apparition simultanée de plusieurs monographies sur le même sujet : il n’est pas rare que le sujet soit tout à fait sans importance.
  2. Les sujets de monographie qui sont intéressants ne sont pas tous traitables ; il en est auxquels l’état des sources interdit de songer. C’est pourquoi les débutants, même ceux qui sont intelligents, éprouvent tant d’embarras à choisir les sujets de leurs premières monographies, quand ils ne sont pas bien conseillés ou favorisés par la chance, et, souvent, s’engagent dans des impasses. Il serait très rigoureux, et fort injuste, de juger quelqu’un d’après la liste des sujets de ses premières monographies.
  3. En pratique il faut donner, au commencement, la liste des sources employées pour l’ensemble de la monographie (avec des indications bibliographiques convenables pour les imprimés, la mention de la nature des documents et leur cote pour les manuscrits) ; de plus chaque affirmation spéciale doit porter sa preuve : le texte même du document à l’appui, si c’est possible, afin que le lecteur soit en mesure de contrôler l’interprétation (pièces justificatives) ; sinon, en note, l’analyse ou, tout