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II. C’est depuis cinquante ans que se sont dégagées et constituées les formes scientifiques d’exposition historique, en harmonie avec cette conception générale que le but de l’histoire est, non pas de plaire, ni de donner des recettes pratiques pour se conduire, ni d’émouvoir, mais simplement de savoir.

Nous distinguerons d’abord : 1o les monographies ; 2o les travaux d’un caractère général.

1o On fait une monographie quand on se propose d’élucider un point spécial, un fait ou un ensemble limité de faits, par exemple une portion de la vie ou la vie d’un individu, un événement ou une série d’événements entre deux dates rapprochées, etc. — Les types de sujets possibles de monographie ne sauraient être énumérés, car la matière historique peut se sectionner indéfiniment, et d’un nombre infini de manières. Mais tous les sectionnements ne sont pas également judicieux, et, quoiqu’on ait dit le contraire, il y a, en histoire comme dans toutes les sciences, des sujets de monographie qui sont bêtes, et des monographies qui, faites et bien faites, représentent du travail inutilement dépensé[1]. Les personnes d’esprit médiocre et sans

    en sens contraire, que les ouvrages des érudits demeurent, tandis que les travaux des historiens vieillissent, si bien que les érudits s’acquerraient une réputation plus solide que ne font les historiens : « On ne lit plus le P. Daniel, et on lit toujours le P. Anselme ». Mais les ouvrages des érudits vieillissent, eux aussi, et le fait que toutes les parties de l’œuvre du P. Anselme n’aient pas encore été remplacées (c’est pour cela que l’on s’en sert encore) ne doit pas faire illusion : l’immense majorité des œuvres des érudits sont, comme celles des savants proprement dits, provisoires et condamnées à l’oubli.

  1. Les gens du métier essaient en vain de s’abuser sur ce point : tout, dans le passé, n’est pas intéressant. — « Si nous écrivions la vie du duc d’Angoulême, dit Pécuchet. — Mais c’était un imbécile ! répliqua Bouvard. — Qu’importe ! Les personnages du second plan ont parfois une influence énorme, et