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serait ici le lieu de marquer comment « la manière d’écrire l’histoire » a évolué depuis les origines. Mais comme l’histoire de la manière d’écrire l’histoire n’a pas encore été bien faite[1], nous nous bornerons ici à des indications très générales pour la période antérieure à la seconde moitié du xixe siècle, à celles qui sont strictement nécessaires pour l’intelligence de l’état de choses contemporain.

I. L’histoire a été conçue d’abord comme la narration des événements mémorables. Garder le souvenir et propager la connaissance des faits glorieux ou importants pour un homme, ou une famille, ou un peuple, tel était le but de l’histoire au temps de Thucydide et de Tite-Live. — Parallèlement, l’histoire fut considérée de bonne heure comme un recueil de précédents, et la connaissance de l’histoire comme une préparation pratique à la vie, surtout à la vie politique (militaire et civile). Polybe et Plutarque ont écrit pour instruire ; ils ont eu la prétention de donner des recettes pour agir. — La matière de l’histoire dans l’antiquité classique, c’étaient donc surtout les accidents politiques, faits de guerre et révolutions. Le cadre ordinaire de l’exposition historique (où les faits étaient ordonnés d’habitude suivant l’ordre chronologique), c’était la vie d’un personnage, l’ensemble ou

  1. Pour les époques anciennes, consulter les bonnes histoires de la littérature grecque, romaine et du moyen âge, qui contiennent des chapitres consacrés aux « historiens ». Pour la période moderne, consulter l’Introduction de M. G. Monod au t. I de la Revue historique ; l’ouvrage de F. X. v. Wegele, Geschichte der deutschen Historiographie (1885), est restreint à l’Allemagne et médiocre ; des « Notes sur l’histoire en France au xixe siècle » ont été publiées par C. Jullian comme Introduction à ses Extraits des historiens français du xixe siècle (Paris, 1897, in-12). L’histoire de l’historiographie moderne reste à faire. Voir l’essai partiel de E. Bernheim, o. c., p. 13 et suiv.