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gouvernements, en les prenant dans toute l’humanité, les comparant entre eux et classant ensemble ceux qui se ressemblent le plus. On obtient des familles de langues, de religions, de gouvernements qu’on peut essayer de classer ensuite entre elles. C’est une classification abstraite, qui isole une espèce de faits de toutes les autres, renonçant ainsi à atteindre les causes. Elle a l’avantage d’être rapidement faite et d’aboutir à un vocabulaire technique qui peut être commode pour désigner les faits.

2o On peut comparer des groupes réels d’individus réels, prendre les sociétés données historiquement et les classer d’après leurs ressemblances. C’est une classification concrète analogue à celles de la zoologie où on classe non des fonctions, mais des animaux complets. Il est vrai que les groupes sont moins nets qu’en zoologie ; aussi n’est-on pas d’accord sur les caractères d’après lesquels doit s’établir la ressemblance. Sera-ce l’organisation économique ou politique, ou l’état intellectuel ? Aucun principe ne s’est encore imposé.

L’histoire n’est pas encore parvenue à une classification scientifique d’ensemble. Peut-être les groupes humains ne sont-ils pas assez homogènes pour fournir un fondement solide de comparaison, et pas assez tranchés pour fournir des unités comparables.

VIII. L’étude des rapports entre les faits simultanés consiste à chercher les liens entre tous les faits d’espèces différentes qui se produisent dans une même société. On sent confusément que les différentes habitudes séparées par abstraction et classées en catégories distinctes (art, religion, institutions politiques), ne sont pas isolées dans la réalité, qu’elles ont des caractères communs et qu’elles sont liées assez pour qu’un changement de l’une amène un changement dans