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nage historique il faut choisir des traits dans sa biographie et dans ses habitudes. Dans sa biographie on prendra les faits qui ont déterminé sa carrière, formé ses habitudes, et amené les actes par lesquels il a agi sur la société. Ce sont les conditions physiologiques (corps, tempérament, état de santé)[1], les actions éducatives qu’il a subies, les conditions sociales. L’histoire de la littérature nous a habitués à des recherches de ce genre.

Parmi les habitudes d’un homme il faut dégager ses conceptions fondamentales dans l’ordre de faits sur lesquels il a eu une action, sa conception de la vie et ses connaissances, ses goûts dominants, ses occupations habituelles, ses procédés de conduite. De ces détails variés à l’infini se forme l’impression du « caractère » et le recueil de ces traits caractéristiques constitue le « portrait », ou, comme on aime à dire aujourd’hui, la « psychologie » du personnage. Cet exercice, très estimé encore, date du temps où l’histoire était un genre littéraire ; il est douteux qu’il puisse devenir un procédé scientifique. Il n’y a guère de méthode sûre pour résumer le caractère d’un homme, même vivant, à plus forte raison quand on est réduit à le connaître par la voie indirecte des documents. Les controverses sur l’interprétation de la conduite d’Alexandre sont un bon exemple de cette incertitude.

Si l’on se risque pourtant à chercher la formule d’un caractère on devra se garder de deux tentations naturelles : 1o Il ne faut pas construire le caractère avec les déclarations du personnage sur lui-même. 2o L’étude des personnages imaginaires (drame et roman) nous a

  1. Michelet a discrédité l’étude des influences physiologiques par l’abus qu’il en a fait dans la dernière partie de son Histoire de France ; elle n’en est pas moins indispensable pour comprendre la direction de la vie d’un personnage.