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tions consacrées par des règles expressément formulées (règlements, lois, statuts privés). Aussi les histoires spéciales ont-elles été les premières à aboutir à des formules méthodiques. Par contre elles n’atteignent que des faits superficiels et conventionnels, non les actes réels ou les pensées réelles : dans la langue les mots écrits, non la prononciation réelle, dans la religion les dogmes et les rites officiels, non les croyances réelles de la masse du public ; dans la morale les préceptes avoués, non la conception réelle ; dans les institutions les règles officielles, non la pratique réelle. En toutes ces matières la connaissance des formules conventionnelles devra se doubler un jour de l’étude des habitudes réelles.

Il est beaucoup plus difficile d’embrasser dans une formule une habitude constituée par des actes réels, ce qui est le cas de la vie économique, de la vie privée, de la vie politique ; car il faut, dans des actes différents, trouver les caractères communs qui composent l’habitude ; ou, si ce travail a été fait déjà dans les documents et résumé dans une formule (ce qui est le cas habituel), il faut faire la critique de cette formule pour s’assurer qu’elle recouvre véritablement une habitude homogène.

La difficulté est la même pour construire la formule d’un groupe ; il faut décrire les caractères communs à tous les membres du groupe et trouver un nom collectif qui le désigne exactement. Les noms de groupes ne manquent pas dans les documents ; mais, comme ils sont nés de l’usage, beaucoup correspondent mal aux groupes réels ; il faut en faire la critique, en préciser, souvent en rectifier le sens.

De cette première opération doivent sortir des formules qui expriment les caractères convention-