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CHAPITRE IV

CONSTRUCTION DES FORMULES GÉNÉRALES

I. Si on avait classé dans un cadre méthodique tous les faits historiques établis par l’analyse des documents et par le raisonnement, on aurait une description rationnelle de toute l’histoire ; le travail de constatation serait achevé. L’histoire doit-elle en rester là ? La question est vivement débattue et on ne peut éviter de la résoudre, car c’est une question pratique.

Les érudits, habitués à recueillir tous les faits sans préférence personnelle, tendent à exiger surtout un recueil de faits complet, exact et objectif. Tous les faits historiques ont un droit égal à prendre place dans l’histoire ; conserver les uns comme plus importants et écarter les autres comme moins importants, ce serait faire un choix subjectif, variable suivant la fantaisie individuelle ; l’histoire ne doit sacrifier aucun fait.

À cette conception très rationnelle on ne peut opposer qu’une difficulté matérielle ; mais elle suffit, car elle est le motif pratique de toutes les sciences : c’est l’impossibilité de construire et de communiquer un savoir complet. Une histoire où aucun fait ne serait sacrifié devrait contenir tous les actes, toutes les pensées, toutes les aventures de tous les hommes à