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taient pas alors.) 2o Le fait, s’il eût existé, s’imposait à l’imagination de l’auteur de façon à entrer forcément dans ses conceptions. (S’il y avait eu des assemblées régulières du peuple franc, Grégoire de Tours n’aurait pu concevoir et décrire la vie des rois francs sans en parler.)

III. Le raisonnement positif part d’un fait (ou de l’absence d’un fait) établi par les documents pour en inférer un autre fait (ou l’absence d’un autre fait) que les documents n’indiquaient pas. Il est une application du principe fondamental de l’histoire, l’analogie de l’humanité présente avec l’humanité passée. Dans le présent on observe que les faits humains sont liés entre eux. Quand certain fait se produit, un autre se produit aussi, ou parce que le premier est la cause du second, ou parce qu’il en est l’effet, ou parce que tous deux sont les effets d’une même cause. On admet que dans le passé les faits semblables étaient liés de même, et cette présomption se fortifie par l’étude directe du passé dans les documents. D’un fait qui s’est produit dans le passé, on peut donc conclure que les autres faits liés à ce fait se sont aussi produits.

Ce raisonnement s’applique à toute espèce de faits, usages, transformations, accidents individuels. À partir de tout fait connu on peut essayer d’inférer des faits inconnus. Or les faits humains, ayant tous leur cause dans un même centre qui est l’homme, sont tous reliés entre eux, non seulement entre faits de même espèce, mais entre faits des espèces les plus différentes. Il y a des liens non seulement entre les divers faits d’art, de religion, de mœurs, de politique, mais entre des faits de religion et des faits d’art, de politique, de mœurs ; en sorte que d’un fait d’une espèce on peut inférer des faits de toutes les autres espèces.