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intellectuelles (langue, religion, art, science), on prendra, non une nation politique, mais le groupe des gens qui ont eu en commun cette habitude ; pour étudier les faits économiques on prendra un groupe lié par une communauté économique ; on réservera le groupe politique pour l’étude des faits sociaux et politiques ; on écartera entièrement la race[1].

Le groupe, même sur les points où il est homogène, ne l’est pas entièrement ; il se divise en sous-groupes dont les membres diffèrent par quelques habitudes secondaires ; une langue se divise en dialectes, une religion en sectes, une nation en provinces. — En sens inverse le groupe ressemble à d’autres groupes de façon à pouvoir en être rapproché ; dans une classification d’ensemble, on peut reconnaître des « familles » de langues, d’arts, de peuples. — Il faut donc se poser ces questions : comment le groupe était-il subdivisé ? dans quel ensemble rentrait-il ?

Il devient possible alors d’étudier méthodiquement une habitude ou même l’ensemble des habitudes dans un temps et un lieu donnés, en suivant le tableau donné plus haut. L’opération ne présente aucune difficulté de méthode pour toutes les espèces de faits qui se présentent sous forme d’habitudes individuelles et volontaires : langue, art, sciences, conceptions, usages

  1. Il n’est plus nécessaire de démontrer l’inanité de la notion de race. Elle s’appliquait à des groupes vagues, formés par la nation ou par la langue, car les races des historiens (grecque, romaine, germanique, celtique, slave) n’avaient de commun que le nom avec la race au sens anthropologique, qui est un groupe d’hommes pourvus héréditairement des mêmes caractères. Elle a été réduite à l’absurde par l’abus que Taine en a fait. On en trouvera une très bonne critique dans Lacombe, o. c., chap. xviii, et dans M. Robertson, The Saxon and the Celt, Londres, 1897, in-8.