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aux conclusions dernières de l’histoire et couronne la construction historique au point de vue scientifique.

Mais comme la connaissance historique, complexe et encombrante par sa nature, est exceptionnellement difficile à communiquer, il reste encore à trouver les procédés pour exposer les résultats de l’histoire.

VII. Cette série d’opérations, facile à concevoir, n’a jamais été qu’imparfaitement exécutée. Elle est entravée par des difficultés matérielles dont les théories méthodologiques ne tiennent pas compte, mais qu’il vaut mieux regarder en face pour voir si elles doivent rester insurmontables.

Les opérations historiques sont si nombreuses, depuis la découverte du document jusqu’à la formule finale de conclusion, elles réclament des précautions si minutieuses, des aptitudes naturelles et des habitudes si différentes, que sur aucun point un seul homme ne peut exécuter lui-même le travail tout entier. L’histoire, moins que toute autre science, peut se passer de la division du travail ; or moins que toute autre elle la pratique. Il arrive à des érudits spécialistes d’écrire des histoires d’ensemble où ils construisent les faits au gré de leur imagination[1], et les « constructeurs » opèrent en prenant des matériaux dont ils n’ont pas éprouvé la valeur[2]. C’est que la division du travail implique une entente entre des travailleurs, et en histoire cette entente n’existe pas. Chacun, sauf dans les opérations préparatoires de la critique externe, procède suivant son inspiration personnelle, sans méthode commune, sans souci de l’ensemble où son travail doit

  1. Curtius dans son « Histoire grecque », Mommsen dans son « Histoire romaine » (avant l’Empire), Lamprecht dans son « Histoire d’Allemagne ».
  2. Il suffira ici de citer Augustin Thierry, Michelet et Carlyle.