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L’analyse critique des documents a fourni les matériaux, ce sont les faits historiques encore épars. On commence par les imaginer sur le modèle des faits actuels qu’on suppose analogues ; on tâche, en combinant des fragments pris à divers endroits de la réalité, d’atteindre l’image la plus semblable à celle qu’aurait donnée l’observation directe du fait passé. C’est la première opération, indissolublement liée en fait à la lecture des documents. Pensant qu’il suffisait ici d’en avoir indiqué la nature[1], nous avons renoncé à lui consacrer un chapitre spécial.

Les faits ainsi imaginés, on les groupe dans des cadres imaginés sur le modèle d’un ensemble observé dans la réalité qu’on suppose analogue à ce qu’a dû être l’ensemble passé. C’est la seconde opération ; elle se fait au moyen d’un questionnaire, et aboutit à découper dans la masse des faits historiques des morceaux de même nature qu’on groupe ensuite entre eux jusqu’à ce que toute l’histoire du passé soit classée dans un cadre universel.

Quand on a rangé dans ce cadre les faits extraits des documents, il y reste des lacunes, toujours considérables, énormes pour toutes les parties où les documents ne sont pas très abondants. On essaie d’en combler quelques-unes par des raisonnements à partir des faits connus. C’est (ou ce devrait être) la troisième opération ; elle accroît par un travail logique la masse des connaissances historiques.

On n’a encore qu’une masse de faits juxtaposés dans des cadres. Il faut les condenser en formules pour essayer d’en dégager les caractères généraux et les rapports. C’est la quatrième opération ; elle conduit

  1. Cf. p. 189-192.