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siècles (institutions, coutumes, croyances) jusqu’aux actes les plus fugitifs d’un homme (une parole ou un mouvement). C’est encore une différence avec les sciences d’observation directe qui partent régulièrement de faits particuliers et travaillent méthodiquement à les condenser en faits généraux. Pour former des groupes il faut ramener les faits au même degré de généralité, ce qui oblige à chercher à quel degré de généralité on peut et on doit réduire les différentes espèces de faits. Et c’est sur quoi les historiens ne s’entendent pas entre eux.

3o Les faits historiques sont localisés, ils ont existé en une époque et en un pays donnés ; si on leur retire la mention du temps et du lieu où ils se sont produits, ils perdent le caractère historique, ils ne peuvent plus être utilisés que pour la connaissance de l’humanité universelle (comme il arrive aux faits de folklore dont on ignore la provenance). Cette nécessité de localiser est inconnue aussi aux sciences générales ; elle est limitée aux sciences descriptives qui étudient la distribution géographique et l’évolution des phénomènes. Elle impose à l’histoire l’obligation d’étudier séparément les faits des différents pays et des différentes époques.

4o Les faits extraits des documents par l’analyse critique se présentent accompagnés d’une indication critique sur leur probabilité[1]. Dans tous les cas où l’on n’est pas arrivé à la certitude complète, toutes les fois que le fait est seulement probable — à plus forte raison s’il est suspect, — le travail de la critique le livre à l’historien avec une étiquette que l’on n’a pas le droit de retirer et qui empêche le fait d’entrer dans la

  1. Cf. ci-dessus, p. 166.