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Le questionnaire des motifs d’erreur peut se dresser en parlant de l’expérience qui nous montre les cas les plus habituels d’erreur.

1er cas. L’auteur a été placé de façon à observer le fait et s’est imaginé l’avoir réellement observé ; mais il en a été empêché par quelque motif intérieur dont il n’a pas eu conscience, une hallucination, une illusion ou un simple préjugé. Il est inutile (et il serait d’ailleurs impossible) de déterminer lequel de ces motifs a agi ; il suffit de reconnaître si l’auteur a été porté à mal observer. — Il n’est guère possible de reconnaître qu’une affirmation particulière a été le résultat d’une hallucination ou d’une illusion. Tout au plus parvient-on, dans quelques cas extrêmes, à apprendre, soit par des renseignements, soit par des comparaisons, qu’un auteur a une propension générale à ces genres d’erreur.

Il y a plus de chance de reconnaître si une affirmation a été le produit d’un préjugé. On trouve dans la vie ou les œuvres de l’auteur la trace de ses préjugés dominants ; on doit pour chaque affirmation particulière se demander si elle ne provient pas d’une idée préconçue de l’auteur sur une espèce d’hommes ou une espèce de faits. Cette recherche se confond en partie avec la recherche des motifs de mensonge : l’intérêt, la vanité, la sympathie ou l’antipathie produisent des préjugés qui altèrent la vérité de même façon que le mensonge volontaire. On peut donc s’en tenir aux questions déjà posées pour reconnaître la sincérité. Mais il en faut ajouter une. L’auteur, en formulant une affirmation, n’a-t-il pas été amené à la déformer à son insu parce qu’il répondait à une question ? C’est le cas de toutes les affirmations obtenues par enquête, interrogatoire, questionnaire. Même en dehors des cas