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le groupe auquel il s’intéressait le plus et pour lequel il aura travaillé.

2e cas. L’auteur a été placé dans une situation qui le forçait à mentir. Cela arrive toutes les fois qu’ayant eu besoin de rédiger un document conforme à des règles ou à des habitudes, il s’est trouvé dans des conditions contraires sur quelque point à ces règles ou ces habitudes ; il lui a fallu alors affirmer qu’il opérait dans les conditions normales, et par conséquent faire une déclaration fausse sur tous les points où il n’était pas en règle. Dans presque tout procès-verbal il y a quelque léger mensonge sur le jour ou l’heure, sur le lieu, sur le nombre ou le nom des assistants. Tous nous avons assisté, sinon participé, à quelques-unes de ces petites falsifications. Mais nous l’oublions trop quand il s’agit de critiquer les documents du passé. Le caractère authentique du document contribue à faire illusion ; instinctivement on prend authentique pour synonyme de sincère. Les règles rigides imposées pour la rédaction de tout document authentique semblent une garantie de sincérité ; elles sont au contraire une incitation au mensonge, non sur le fond des faits, mais sur les circonstances accessoires. De ce qu’un personnage signe un acte on peut conclure qu’il l’a consenti, mais non pas qu’il a été réellement présent à l’heure où l’acte mentionne sa présence.

3e cas. L’auteur a eu une sympathie ou une antipathie pour un groupe d’hommes (nation, parti, secte, province, ville, famille) ou pour un ensemble de doctrines ou d’institutions (religion, philosophie, secte politique) qui l’a porté à déformer les faits de façon à donner une idée favorable de ses amis, défavorable de ses adversaires. Ce sont des dispositions générales qui agissent sur toutes les affirmations d’un auteur ;