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tenues dans un texte ; et même quand on croit avoir trouvé le sens, on fera bien de ne pas tirer de conclusions d’une interprétation forcément conjecturale.

En sens inverse il faut se garder de chercher partout un sens allégorique, comme les néo-platoniciens ont fait pour les œuvres de Platon et les swedenborgiens pour la Bible. On est revenu aujourd’hui de cette hyperherméneutique ; mais on n’est pas à l’abri de la tendance analogue à chercher partout des allusions. Cette recherche, toujours conjecturale, donne plus de satisfactions d’amour-propre à l’interprète que de résultats utilisables pour l’histoire.

V. Quand on a enfin atteint le sens véritable du texte, l’opération de l’analyse positive est terminée. Le résultat est de faire connaître les conceptions de l’auteur, les images qu’il avait dans l’esprit, les notions générales au moyen desquelles il se représentait le monde. On atteint ainsi des opinions, des doctrines, des connaissances. C’est là une couche de renseignements très importants avec lesquels se constitue tout un groupe de sciences historiques[1] : les histoires des arts figurés et des littératures, — l’histoire des sciences, — l’histoire des doctrines philosophiques et morales, — la mythologie et l’histoire des dogmes (improprement appelées croyances religieuses, puisqu’on étudie les doctrines officielles sans rechercher si elles sont crues), — l’histoire du droit, l’histoire des institutions officielles (en tant qu’on ne cherche pas comment elles étaient appliquées dans la pratique), — l’ensemble des légendes, traditions, opinions, concep-

  1. La méthode pour extraire des conceptions les renseignements sur les faits extérieurs fait partie de la théorie du raisonnement constructif. Voir le livre III.