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où le document a été écrit, c’est-à-dire les sens particuliers usités dans le pays.

3o Chaque auteur a une façon personnelle d’écrire, on doit donc étudier la langue de l’auteur, le sens particulier qu’il donnait aux mots[1]. C’est à quoi servent les lexiques de la langue d’un auteur, tels que le Lexicon Cæsarianum de Meusel, où sont réunis tous les passages où il a employé chaque mot.

4o Une expression change de sens suivant le passage où elle se trouve ; on doit donc interpréter chaque mot et chaque phrase non pas isolément, mais en tenant compte du sens général du morceau (le contexte). C’est la règle du contexte[2], règle fondamentale de l’interprétation. Elle implique qu’avant de faire usage d’une phrase d’un texte on a lu le texte dans son ensemble ; elle interdit de ramasser dans un travail moderne des citations, c’est-à-dire des lambeaux de phrase arrachés d’un passage où l’on ignore le sens spécial que leur donnait le contexte[3].

  1. La théorie et un exemple de ce procédé se trouvent dans Fustel de Coulanges, Recherches sur quelques problèmes d’histoire (p. 189-289), à propos des renseignements de Tacite sur les Germains. Voir surtout, p. 263-289, la discussion du célèbre passage sur le mode de culture des Germains.
  2. Fustel de Coulanges la formule ainsi : « Il ne faut jamais isoler deux mots de leur contexte ; c’est le moyen de se tromper sur leur signification ». (Monarchie franque, p. 228, n. 1.)
  3. Voici comment Fustel condamne cette pratique : « Je ne parle pas des faux érudits qui citent de seconde main et se donnent tout au plus la peine de vérifier si la phrase qu’ils ont vue citée se trouve bien à l’endroit indiqué. Vérifier les citations est tout autre chose que lire les textes et les deux conduisent souvent à des résultats opposés. » Revue des questions historiques, 1887. t. I. — Voir aussi (l’Alleu…, p. 171-198) la leçon donnée à M. Glasson, à propos de la théorie de la communauté des terres ; c’est la discussion de 45 citations étudiées en tenant compte du contexte pour montrer qu’aucune n’a le sens admis par M. Glasson. On peut comparer la réponse : Glasson, les Communaux et le domaine rural à l’époque franque. Paris, 1890.