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ainsi « l’histoire en science positive »[1]. Ces vastes constructions abstraites inspirent, non seulement au public, mais à des esprits d’élite, une méfiance a priori, qui est invincible : M. Fustel de Coulanges, dit son dernier biographe, était sévère pour la Philosophie de l’histoire ; il avait pour ces systèmes la même aversion que les positivistes pour les concepts purement métaphysiques. À tort ou à raison (à tort, sans doute), la Philosophie de l’histoire, n’ayant pas été cultivée seulement par des hommes bien informés, prudents, d’intelligence vigoureuse et saine, est déconsidérée. Que ceux qui la redoutent — comme ceux, d’ailleurs, qui s’y intéressent — soient avertis : il n’en sera pas question ici[2].

Nous nous proposons ici d’examiner les conditions et les procédés, et d’indiquer le caractère et les limites de la connaissance en histoire. Comment arrive-t-on à savoir, du passé, ce qu’il est possible et ce qu’il importe d’en savoir ? Qu’est-ce

  1. Tel, par exemple, P.-J.-B. Buchez, dans son Introduction à la science de l’histoire. Paris, 1842, 2 vol. in-8.
  2. L’histoire des tentatives faites pour comprendre et expliquer philosophiquement l’histoire de l’humanité a été entreprise, comme on sait, par Robert Flint. R. Flint a déjà donné l’histoire de la Philosophie de l’histoire dans les pays de langue française : Historical Philosophy in France and French Belgium and Switzerland. Edinburgh-London, 1893, in-8. — C’est le premier volume de la réédition développée de son « Histoire de la philosophie de l’histoire en Europe », publiée il y a vingt-cinq ans. Comparez la partie rétrospective (ou historique) de l’ouvrage de N. Marselli : la Scienza della storia, I. Torino, 1873.
    L’ouvrage original le plus considérable qui ait paru en France depuis la publication du répertoire analytique de R. Flint est celui de P. Lacombe, De l’histoire considérée comme science. Paris, 1894, in-8. Cf. Revue critique, 1895, I. p. 132.