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ciaient pas de la faire : contents de colliger, de purifier et de classer des documents historiques, ils se désintéressaient de l’histoire et ils ne comprenaient pas mieux le passé que le commun des hommes de leur temps. Les érudits agissaient comme si l’érudition avait eu sa fin en elle-même, et les historiens comme s’ils avaient pu reconstituer les réalités disparues par la seule force de la réflexion et de l’art appliquée aux documents de mauvais aloi qui étaient dans le domaine commun. — Un divorce aussi complet entre l’érudition et l’histoire paraît aujourd’hui presque inexplicable, et, certes, il était très fâcheux. Les partisans actuels de la division du travail en histoire ne réclament, cela va de soi, rien de pareil. Il faut bien qu’un commerce intime soit établi entre le monde des historiens et celui des érudits, puisque les travaux de ceux-ci n’ont de raison d’être qu’en tant qu’ils sont utiles à ceux-là. On veut dire seulement que certaines opérations d’analyse et toutes les opérations de synthèse ne sont pas nécessairement mieux faites quand elles le sont par le même individu ; que, si les rôles d’érudit et d’historien peuvent être cumulés, il n’est pas illégitime de les séparer ; et que peut-être cette séparation est, en principe, désirable, comme elle est souvent, en pratique, imposée.

En pratique, voici comment les choses se passent. — Quelle que soit la partie de l’histoire que l’on se propose d’étudier, trois cas seulement peuvent se présenter. Ou bien les sources ont déjà été purifiées et classées ; ou bien l’élaboration préalable des sources, qui n’a jamais été faite ou qui ne l’a été qu’en partie, ne présente pas de grandes difficultés ; ou bien les sources à employer sont très troubles, et des travaux considérables d’appropriation sont indiqués. — Soit dit en passant, il n’y a, naturellement, aucune relation entre