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CHAPITRE V

LA CRITIQUE D’ÉRUDITION ET LES ÉRUDITS

L’ensemble des opérations décrites dans les chapitres précédents (restitution des textes, critique de provenance, collection et classement des documents vérifiés) constitue le vaste domaine de la critique externe ou critique d’érudition[1].

La critique d’érudition tout entière n’inspire que du dédain au gros public, vulgaire et superficiel. Quelques-uns de ceux qui s’y livrent sont disposés, au contraire, à la glorifier. Mais il y a un juste milieu entre cet excès d’honneur et cette indignité.

L’opinion brutale des gens qui prennent en pitié et qui raillent les analyses minutieuses de la critique externe ne mérite guère, en vérité, d’être réfutée. Il n’y a qu’un argument pour établir la légitimité et pour inspirer le respect des labeurs obscurs de l’érudition, mais il est décisif : c’est qu’ils sont indispensables.

  1. Nous prenons ici « critique d’érudition » comme synonyme de « critique externe ». Dans le langage courant, on appelle érudits, non seulement les spécialistes de la critique externe, mais aussi les historiens qui ont l’habitude de composer des monographies sur des sujets techniques, restreints, peu intéressants pour le grand public.