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intéressent pas, et s’absorbent dans ce labeur. Les travailleurs ordinaires, eux, ne recueillent et ne classent que les matériaux utiles pour leurs études particulières. De là, des différences. Par exemple, l’ordre systématique, arrêté d’avance, qui est si peu recommandable pour les grandes collections, fournit souvent à ceux qui travaillent pour leur propre compte, en vue de composer des monographies, un cadre de classement préférable à tout autre. Mais on se trouvera toujours bien d’observer les habitudes matérielles dont l’expérience a enseigné la valeur aux compilateurs de profession : en tête de chaque fiche, inscrire, s’il y a lieu, la date, et, en tout cas, une rubrique[1] ; multiplier les cross-references et les index ; tenir état (sur des fiches rangées à part) de toutes les sources utilisées, afin de ne pas être exposé à recommencer, par inadvertance, des dépouillements déjà faits ; etc. — L’observation régulière de ces pratiques contribue beaucoup à rendre plus aisés et plus solides les travaux d’histoire qui ont un caractère scientifique. La possession d’un jeu de fiches judicieusement dressé (quoique imparfait) a valu à M. B. Hauréau d’exercer jusqu’à la fin de sa vie, dans le genre très spécial d’études historiques qu’il cultivait, une maîtrise incontestable[2].

  1. À défaut d’ordre systématique arrêté d’avance, et lorsque l’ordre chronologique n’est pas de mise, il est parfois avantageux de classer provisoirement les fiches, c’est-à-dire les documents, dans l’ordre alphabétique de mots choisis comme rubriques (Schlagwörter). C’est le système dit « du Dictionnaire ».
  2. Voir Langlois, Manuel de bibliographie historique, I, p. 88.