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mons, les hymnes et les chansons profanes du moyen âge, qui ne sont datés avec précision ni du temps, ni du lieu. On les classe par ordre alphabétique d’incipit, c’est-à-dire suivant l’ordre alphabétique des premiers mots de chacun d’eux[1].

L’ordre systématique, ou didactique, n’est pas à recommander pour la composition des corpus ou des regestes. Il est toujours arbitraire, entraîne des répétitions et des confusions inévitables. D’ailleurs, il suffit de joindre aux collections disposées suivant l’ordre chronologique, géographique ou alphabétique, de bonnes « tables des matières » pour les mettre en état de rendre tous les services que rendraient des recueils systématiques. — Une des principales règles de l’art de fabriquer les corpus et les regestes ( « le grand art des Corpus », parvenu dans la seconde moitié du xixe siècle à un si haut degré de perfection[2]) est de munir ces collections, quel qu’en soit le classement, de tables et d’index variés, propres à en faciliter l’usage : tables d’incipit dans les regestes chronologiques qui s’y prêtent, index des noms propres et des dates dans les regestes par incipit, etc., etc.

Les faiseurs de corpus et de regestes recueillent et classent pour autrui des documents qui ne les intéressent pas directement, ou, du moins, qui, tous, ne les

  1. Il n’y a d’embarras que pour ceux qui ont perdu leur incipit. Cf. p. 86, n. 2. — Au xviiie siècle, Séguier consacra une grande partie de sa vie à dresser un Catalogue, par ordre alphabétique d’incipit, des inscriptions latines, au nombre de 50 000, qui avaient été publiées jusque-là ; il dépouilla douze mille ouvrages environ. Ce travail considérable est resté inédit et inutile. Avant d’entreprendre d’aussi vastes compilations, s’assurer que le plan en est rationnel et que le travail à fournir — un travail si dur et si ingrat — ne sera pas gaspillé.
  2. Voir G. Waitz, Ueber die Herausgabe und Bearbeitung von Regesten, dans l’Historische Zeitschrift, XL (1878), p. 280-95.