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et, dit-on, les littérateurs qui observent, l’ont constaté de nos jours, aussi bien que les érudits.

Le système des fiches n’est pas sans quelques inconvénients. Chaque fiche doit être munie de références précises à la source où le contenu en a été puisé ; par conséquent, si l’on analyse un document en cinquante fiches distinctes, il faudra répéter cinquante fois les mêmes références. D’où une légère augmentation d’écritures : c’est certainement à cause de cette complication infime que quelques personnes s’obstinent à préférer la méthode si défectueuse des cahiers. — De plus, à cause de leur mobilité même, les fiches, feuilles volantes, sont exposées à s’égarer et lorsqu’une fiche est perdue, comment la remplacer ? on ne s’aperçoit même pas qu’elle a disparu ; s’en apercevrait-on par hasard que le seul remède serait de recommencer, de fond en comble, toutes les opérations déjà faites. — À la vérité, des précautions très simples, que l’expérience a suggérées, mais que ce n’est pas ici le lieu d’exposer en détail, permettent de réduire au minimum les inconvénients du système. On recommande d’employer des fiches de dimension uniforme, résistantes ; de les classer au plus tôt, dans des « chemises » ou dans des tiroirs, etc. — Que chacun, du reste, en ces matières, soit libre de se créer des habitudes personnelles. Mais il faut bien se rendre compte d’avance que ces habitudes, suivant qu’elles sont plus ou moins pratiques et heureuses, ont une influence directe sur les résultats de l’activité scientifique. « Ces arrangements personnels de bibliothèque, dit E. Renan, qui sont la moitié du travail scientifique[1]… » Ce n’est pas trop dire. Tel érudit doit une bonne part de sa légitime

  1. E. Renan, Feuilles détachées, p. 103.